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« Reconstitution », une exposition d‘Emmanuelle Castellan


  • Galerie Valentin 9 Rue Saint-Gilles 75003 Paris France (carte)
Tableau d'Emmanuelle Castellan
 

Frauke Boggasch - Lorsque j'ai quitté ton atelier berlinois hier, tes tableaux m'ont longtemps accompagnée. Les regards des figures féminines fragmentées, les coupures dans la toile, la couleur particulière de tes peintures... j’ai pensé à une phrase de Marguerite Duras qui décrit mon état d'esprit après avoir quitté ton monde : "Il n'y a rien de vrai dans le réel, rien". Tes images sont réelles - et elles sont vraies. Elles naissent dans un monde intermédiaire, elles traduisent. Le présent et le passé, l'intérieur et l'extérieur se confondent.

Comment commences-tu une peinture ? La toile est préparée, apprêtée, et ensuite, comment commences-tu ? Connais-tu ce sentiment de devoir d'abord "se charger" avant de p ouvoir peindre ?

Emmanuelle Castellan - Cette phrase de Marguerite Duras me fait penser au mot "Gestalt", difficile à traduire en français, mais connu comme théorie d'un présent qui se construit à partir de l'instant et qui fait appel à une série de données (intersubjectives, personnelles) parfois éloignées du "réel".

Je commence par des dessins. Il me faut parfois un temps très long pour tout réinvestir de manière vivante : cela signifie pour moi être concrètement et intuitivement connectée à beaucoup de choses (parfois aussi émotionnellement et autobiographiquement) qui sont soudain présentes ensemble. J'ai toujours quelques idées et des photos issues de mes recherches. Cela dépend de la composition et des thèmes que j'aborde : très souvent l'aspect féminin dans la culture populaire, un grand intérêt pour les arts appliqués et des aspects critiques avec lesquels je joue. Mais il y a aussi des réflexions qui sont en gestation depuis longtemps et qui s'ajoutent aux directions que je vais prendre.

Frauke Boggasch - J'aime ta description selon laquelle les réflexions qui sont en gestation depuis longtemps s'additionnent avec les directions que tu vas prendre dans un travail. Pour moi, beaucoup de tes travaux sont des "scènes", le mot allemand "Gestalt" s'y prête également. Ce sont souvent des scènes autour d'un personnage. Nous avons parlé des différents niveaux, à la fois métaphoriques et concrets. Qu'est-ce qui peut rester dans tes tableaux, quand sont-ils terminés ? Et quand interviens-tu à nouveau radicalement dans l'image en faisant une coupe réelle dans la toile ? La coupe me fait à nouveau penser à Marguerite Duras, elle a dit une fois qu'elle avait massacré trois de ses livres pour faire un film, un film comme un point final. Tes coupures sont aussi les deux, un élément de style, une sorte de dessin - et une destruction, une cicatrice - un point final ? Les coupures ont-elles aussi un rapport avec le pouvoir ? Ton pouvoir sur l'image - ou le pouvoir de l'image sur le spectateur ?

Emmanuelle Castellan - Oui d’une certaine façon, la coupure a à voir avec une prise de pouvoir, parce que c’est une manière de s’en émanciper... dans l’idée de dépasser la surface de la peinture, et mon propre rapport à elle. Au départ, les coupures qui sont apparues dans ma peinture me parlait d’avantage du présent, et d’une vulnérabilité de la peinture, comme si elle était abîmée ou “éventrée”. C’est un geste violent évidemment, mais lorsque je regarde des peintures de Lucio Fontana, je comprends le désir et l’espace lié à l’expérience de la peinture aussi. Les coupures ne sont jamais programmées lorsque je peins. Beaucoup de gestes se déterminent les uns vis-à-vis des autres dans une recherche de sens. Une coupure, c’est ce qui n’est pas réparable, je dois composer avec.

"Schnitt"/"coupé au montage" : ce terme est utilisé en français pour désigner des scènes qui n'apparaissent pas dans un film. J'aime l'idée qu'une image a été "coupée" : Elle ne devrait pas être là. Cette idée de montage m'intéresse beaucoup, car je ne pense pas vraiment avoir une pratique de la peinture très linéaire. Je ne travaille pas en série et mes peintures sont souvent très différentes les unes des autres. Une peinture est terminée lorsque je n'ai plus rien à y faire. Parfois, elle reste inachevée, parfois elle est trop travaillée... ce qui est important pour moi, c'est de laisser la peinture aller le plus loin possible.

Ce que tu dis de Marguerite Duras et de sa méthode de travail me ramène à la question de l'obstination et potentiellement de la destruction. Ce qui reste à la fin, c'est ce qui est devenu autre chose à partir de ce qui était.

Frauke Boggasch - La prise de pouvoir sur l'image m'intéresse - j'imagine souvent mes peintures inachevées comme des fantômes qui m'attendent déjà derrière la porte, ou plutôt qui sont à l'affût... et qui ont d'abord encore le pouvoir sur moi. Comme tu le décris, il s'agit d'une sorte de liberté, d'un détachement/libération des représentations et aussi de la relation au tableau. Peut-on parler de pouvoir à travers les œuvres, à travers la peinture? Et aussi de ce que cela signifie d'être peintre aujourd'hui ?

Nous avions déjà parlé à plusieurs reprises de l'histoire patriarcale de la peinture et des questions que cela soulève pour nous aujourd'hui : Tu as délibérément choisi de ne pas faire de peinture purement abstraite, tes tableaux restent dans l'entre-deux, ils sont à la fois figuratifs et abstraits.
Cette liberté de ne pas te laisser classer dans une catégorie a quelque chose à voir avec une forme d’indépendance. Et là, j'en viens aussi à tes personnages féminins - outre Marguerite Duras, ce sont Barbara et Françoise Hardy qui inspirent tes tableaux - toutes trois ont vécu des vies très obstinées. Qu'est-ce qui vous relie ?

Emmanuelle Castellan - Alors il y a plusieurs interprétations que tu évoques autour de cette idée de pouvoir. Peut-être déjà, et c’est le plus essentiel, le pouvoir qu’on accorde à la peinture, ou à d’autres pratiques (car la question se retrouve ailleurs aussi) quand on y croit, et qu’on a compris que cette expérience nous aide à nous émanciper d’un certain nombre d’injonctions. Je ne sais pas si je recherche une forme de pouvoir dans ma peinture, par ailleurs. Je dirais plutôt que celle-ci m’a permis de conscientiser les jeux de l’art, de ce que l’on attend d’une œuvre. Là où je vois du pouvoir, c’est dans l’interprétations des œuvres, dans les images, sur les réseaux sociaux, dans la communication visuelle de grande ampleur qui nous envahit tous les jours. Mettre à distance et jouer de cet ordre visuel est une gageure, c’est le jeu très sérieux qui me permet de préserver un peu de liberté et de faire entrer mon propre plaisir dans l’expérience de la peinture.

Ensuite, l’histoire patriarcale de la peinture, le culte du maître ou de l’auteur, nous occupe parce qu’elle nous concerne dans notre rapport au medium, et à son historicité. Pour ma part cela a été déterminant pour comprendre mes difficultés et ma façon de prendre ma place. Je ne peux pas ignorer que cela a pris beaucoup d’années avant de réaliser que les problèmes de peinture auxquels j’étais confrontée étaient reliés à cette question de l’auteur et de ce qui fait “autorité” en matière de peinture actuelle. C’est pour cela que je me suis instinctivement tournée vers des femmes qui ont été des sortes de modèles dans ma jeunesse. J’ai déposé cette question de l’identité culturelle dans mon approche de la peinture. A partir de ce moment-là, j’ai compris que peindre était pour moi une langue étroitement liée à l’identité, à une culture qui me questionne jusque dans ses enjeux “nationalistes” (français, héritages coloniales, valeurs marchandes). Au fond, Marguerite Duras, Françoise Hardy, Barbara... ce sont des

figures tutélaires, je pourrais, on pourrait, en citer plein d’autres. Il n’est pas possible de les reconnaître vraiment, ce n’est pas l’idée. Non... ce sont des figures qui viennent “infuser” une présence dans l’élaboration de mes peintures. Elles sont venues depuis que je vis à Berlin bizarrement. C’est certainement une façon très simple de lier mes gestes et mes pensées face à l’état du monde. Par exemple “Nathalie Granger” de Marguerite Duras, et surtout le film qu’elle en a fait, a été une source d’inspiration à peu près au moment de la pandémie de la Covid19. Cela m'a paru absurde au début, car je n’intellectualise pas mes sujets, ils viennent comme des sortes d’obsessions. J’ai commencé à peindre énormément à partir de ce moment-là, les peintures sont venues très simplement.

Frauke Boggasch - Je suis tout à fait d'accord avec toi : analyser par le biais de la peinture le pouvoir des images à notre "époque hypervisuelle" - et poser la question indissociable du pouvoir au sein même de la peinture. Il y a toujours plus de femmes qui étudient l'art, mais plus on monte dans la hiérarchie sociale, moins elles sont nombreuses ... et le système patriarcal perdure malgré tout!
J'aime l'idée du jeu sérieux dont tu parles au sujet de ta peinture, et j'aimerais, pour conclure notre échange, revenir sur le livre de Marguerite Duras qu'elle a adapté au cinéma et qui a été important pour cette exposition : Nathalie Granger.

Il ne se passe d'abord pas grand-chose dans cette œuvre, c'est plutôt une sorte de chronique de l'absence d'événements, une réflexion sur le quotidien et le temps qui passe - ce qui crée une dynamique propre sur la cohabitation de femmes très différentes : La mère de Nathalie s'inquiète de sa fille indomptable et envisage de la placer dans un internat. Il est intéressant de noter que l'adaptation cinématographique se déroule précisément dans la maison où Marguerite Duras vivait à l'époque. Cette superposition de plans, l'emboîtement en quatre parties de fragments narratifs rappelle tes tableaux. Duras disait de son adaptation cinématographique en 1972 : "On pense toujours qu'il faut partir d'une histoire pour faire des films. Ce n'est pas vrai. Pour Nathalie Granger, je suis complètement parti de chez moi".

D'une certaine manière, tu pars toi aussi de chez toi, sachant que chez soi, c'est tout ce qui constitue chaque individu... Je parle de reconstitution dans le titre, quelles ont été tes réflexions à ce sujet ?

Emmanuelle Castellan - Cela m’a troublée au moment de la pandémie : cet « atelier/studio de cinéma/décors » est en effet le rapprochement que je me suis fait, par rapport à mes conditions de travail et mon rapport à la peinture. Celle-ci est un processus où je laisse l’objet interdépendant d’un certain nombre de conditions : récit, roman, espace, contexte domestique ... L’exposition « reconstitution » relate le corpus de peintures qui tournent librement autour de ce film et de ma manière d’interpréter ces images. Toutes les peintures de l’exposition n’ont pas pour source directement les images de “Nathalie Granger”, mais elles en ont découlé à ce moment-là. Je voulais reconstituer la source de ce travail, même si le scénario m’échappe. Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai suivi très intuitivement ces figures, ces images issues du film, comme autant de clés pour m’aventurer vers des façons de voir autres. C’est ce qui m’a paru être le plus vital au niveau de la peinture : comment habiter ? Et comment la peinture peut-elle habiter ?

Le film Natalie Granger m’a fasciné tant par la quasi-absence de parole, que par la résistance contenue de ces femmes, et de l’enfant, Nathalie Granger, perçue par sa maîtresse d’école, comme étant un élément perturbateur pour sa classe, car elle serait d’une trop grande agressivité. Chaque plan est un tableau. La maison est tout d’un coup le lieu où vivent deux femmes qui ne répondent pas aux injonctions de la société, il n’y a pas d’hommes dans le film, ... à part la 1ère apparition de Gérard Depardieu au cinéma, une scène que je trouve géniale, où il se trouve face à deux regards hiératiques qui l’obligent à parler différemment, même maladroitement. Il y est question de violence et de voir qu’elle n’existe jamais isolée de la société qui l’entoure... l’école, la radio (présente dans le film, qui relate un fait divers), le monde qui continue de vouloir fonctionner aux dépens des individus, des habitants, plutôt qu’avec elles et eux.

Entretien entre Frauke Boggasch et Emmanuelle Castellan, février 2023

Frauke Boggasch - your paintings left a lasting impression on me even after I left your Berlin studio yesterday. The fragmented female figures, the cuts in the canvas, and the unique color of your paintings kept me thinking. After experiencing your world, I was reminded of a phrase by Marguerite Duras, which describes my state of mind. "There is nothing true in reality, nothing." However, your art is real and true. It is born in an intermediate world and translates the present and the past, the interior and the exterior into one.

I am curious, how do you begin a painting? Do you start with a prepared and primed canvas, and if so, how do you begin? Do you ever feel the need to "charge up" before painting?

Emmanuelle Castellan - Marguerite Duras' phrase makes me think of "Gestalt", which is a theory that explains how the present is constructed from various data, including personal and intersubjective aspects that might not be a reflection of reality.

My creative process usually begins with drawings, which I sometimes take a long time to reinvest with life. This means that I must be connected to many things, including personal and emotional experiences, as well as the research and ideas that I have collected over time.

The themes that I explore in my work include the feminine aspect in popular culture, my interest in applied arts, and critical perspectives that I like to experiment with. However, my creative process is also influenced by reflections that have been gestating for a long time and that add to the directions I will take.

Frauke Boggasch - Your description of how long-gestating reflections add to the directions you take in a work is insightful. I think of many of your works as "scenes," and the German word "Gestalt" is fitting for this. They are often depictions of scenes around a character. We have discussed the different levels of metaphorical and concrete meaning in your work. I am curious to know: what can remain in your paintings when they are finished? Also, when do you decide to radically intervene in the image by making a real cut in the canvas? The cut reminds me of Marguerite Duras, who once said that she had destroyed three of her books to make a film, a film as a final point. Your cuts are both a stylistic element and a destruction, a scar, a final point. Do the cuts also relate to power? Is it your power over the image or the power of the image over the viewer?

Emmanuelle Castellan - I can see how cutting in painting can be seen as a way to take power and emancipate oneself from it. In my own experience, the cuts that appear in my paintings speak more about the present and the vulnerability of painting, as if it were damaged or "gutted". While it may seem like a violent gesture, I've come to understand its desire and the space linked to the experience of painting through painters like Lucio Fontana. I never plan the cuts when I paint, as many gestures are determined in relation to each other in a search for meaning. A cut is what cannot be repaired, so I have to deal with it.

The term "Schnitt" or "cut in editing" in French refers to scenes that do not appear in a film. I love the idea that an image has been "cut" because it shouldn't be there. I'm interested in the idea of editing because I don't work in series, and my paintings are often very different from each other. I consider a painting finished when I have nothing more to do with it. Sometimes it remains unfinished, and other times it is overworked. What's important to me is to let the painting go as far as possible.

Your mention of Marguerite Duras and her working method makes me think of stubbornness and the potential for destruction. The end result is often something different from what it was, but what remains is what's important.

Frauke Boggasch - The taking of power over the image interests me. I often imagine my unfinished paintings as ghosts waiting for me behind the door, or rather lying in wait. Initially, they still have power over me. As you describe it, it's a kind of freedom - a detachment or liberation from representations and also from the relationship to the painting. Can we discuss the notion of power through works, through painting? Additionally, what does it mean to be a painter today?

We have previously discussed the patriarchal history of painting and the questions it raises for us today. You have chosen not to make purely abstract paintings. Instead, your paintings remain in between - both figurative and abstract.

This freedom not to be classified into a category has something to do with a form of independence. I would also like to discuss your female characters who inspire your paintings, including Marguerite Duras, Barbara, and Françoise Hardy. All three have lived very stubborn lives. What connects you to them?

Emmanuelle Castellan - I understand that you have mentioned several interpretations of power. One of them is the power that painting or other practices hold when we believe in it and understand that it helps us to free ourselves from certain expectations. You are not sure if you seek power in your own painting, but it has helped you to become aware of the expectations placed on artworks. However, you do see power in the interpretation of works and images on social media and in the large-scale visual communication that we encounter daily. You feel that it is important to maintain a distance and play with this visual order in order to preserve your own freedom and bring pleasure to your experience of painting.

The history of painting has been dominated by a focus on male artists and their authority in the medium. It took me a long time to realize that my own struggles with painting were related to this issue of authorship and the concept of "authority" in contemporary art. As a result, I began to look to female artists who served as role models for me when I was younger, such as Marguerite Duras, Françoise Hardy, and Barbara. These women became influential figures in the development of my artwork, representing a cultural identity and questioning the nationalist and market-driven values of the art world.

Living in Berlin has also been a source of inspiration for me, as I link my artistic gestures and thoughts to the state of the world around me. For example, during the Covid-19 pandemic, the film "Nathalie Granger" by Marguerite Duras provided me with a source of creative inspiration. While I don't intellectualize my subjects, they often come to me as obsessions, leading to a surge in creative output and the creation of many new paintings.

Frauke Boggasch - I completely agree with you about the analysis of the power of images in our "hypervisual age" through painting, and how it raises questions about the power dynamics within painting itself. Although more women are now studying art, the number decreases as you move up the social hierarchy, and the patriarchal system remains in place

I understand that you mentioned a serious game related to your painting, and I find it intriguing. As we wrap up our conversation, I would like to revisit the importance of Nathalie Granger, a book by Marguerite Duras that was adapted into a film and played a significant role in this exhibition. The work initially appears to be a simple account of events that do not happen. It reflects on daily life and the passing of time. This creates a unique atmosphere in the cohabitation of different women. Nathalie's mother is worried about her wild daughter and is considering sending her to a boarding school. It is worth noting that the film adaptation of the work takes place in the house where Marguerite Duras was living at the time. The way the shots are combined, and the four parts of the narrative fragments are interlocked, is reminiscent of your paintings. In 1972, Duras stated about her film adaptation: "People often think that a story is needed to make a film. This is not true. For Nathalie Granger, I started completely from my home."

In the title, I discuss reconstitution and how it relates to starting from one's own home, which comprises everything that defines an individual.

Emmanuelle Castellan - This troubled me at the time of the pandemic: this "workshop/film studio/set design" is in fact the connection I made with my working conditions and my relationship to painting. Painting is a process in which I leave the object interdependent on a certain number of conditions: narrative, novel, space, domestic context, etc. The "reconstitution"(or « re-enactment ») exhibition relates the body of paintings that revolve freely around this film and my way of interpreting these images. Not all the paintings in the exhibition are directly based on the images in "Nathalie Granger", but they did emerge from them at the time. I wanted to reconstruct the source of this work, even if the scenario escapes me. What I mean by this is that I very intuitively followed these figures, these images from the film, as if they were keys to venturing into other ways of seeing. This is what seemed to me to be most vital in terms of painting: how to inhabit? And how can painting inhabit?

The film Nathalie Granger fascinated me because of the lack of dialogue and the strong determination shown by the women and the child, Nathalie Granger. The child is seen as disruptive by her teacher and is considered too aggressive. Every shot in the film is like a painting. The house where the women live becomes the focal point and symbolizes their non-conformity to societal norms. There are no men in the film, except for Gérard Depardieu's first appearance in cinema. The scene is brilliant, where he is confronted with two intense gazes that make him speak differently. The film is about violence, and how it is not isolated but rather a product of the society that surrounds it. The school, the radio, and the world at large continue to function at the expense of individuals rather than with them.

Interview between Frauke Boggasch and Emmanuelle Castellan, February 2023.

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